Conférence inaugurale de l'exposition Atelier 5 par Denis Roy.
Conférence de Paul-Henri CHOMBART DE LAUWE, directeur de recherches au CNRS, directeur d'études à l'EHESS, Paris.
Au croisement des différentes sciences autant psychologiques et ethnographiques que sociologiques, Paul-Henri Chombart de Lauwe étudie la peuplade que nous sommes, hommes des villes du XXe siècle, face aux maux du modernisme, aux assauts des médias et de la publicité. Comment construire des logements et des villes sans tenir compte de toutes ces données ? Entre l'espace construit, l'individu, les groupes et la société, un jeu complexe se déroule sous nos yeux. Une analyse plus fine des rapports entre les changements dans les techniques de construction, dans l'aménagement de l'espace, dans les modes de vie, dans les représentations, dans l'évolution des besoins fait ressentir l'existence d'un enchaînement de processus qui ne peut pas être analysé d'une manière simpliste, d'une façon linéaire.
20 juin 1986 Exposition accompagnées des conférences suivantes :
4 juin 1986 : Conférence de Pierre VON MEISS et Jean-Marc LAMUNIERE, professeurs au Département d'architecture de l'EPFL : Eléments du projet : l'enseignement de base l'habitation.
Les performances fabuleuses de la construction moderne ont ouvert la voie vers un énorme pluralisme de formes au risque de confondre leurs significations premières et de laisser cours à l'arbitraire. Il appartient alors à la formation de base d'affiner les sens, de fournir les principales références architecturales et de poser les jalons d'une grammaire et d'une démarche plutôt que d'un langage architectural. Pénétrer les premiers « secrets » de notre discipline se compare à la mise en oeuvre patiente des pierres d'angle d'un édifice. (PvM)
Les travaux pratiques concernant les programmes d'habitation posent une série de problèmes délicats liés à la conception même de l'enseignement du projet d'architecture au niveau universitaire. l'habitation individuelle est prise comme thème d'un exercice destiné à révéler à l'étudiant l'organisation spatiale et constructive de certaines fonctions, à la fois élémentaires et complexes, déjà vécues par l'étudiant. Il permet d'étudier les conditions d'implantation dans un lieu, d'approcher les modes de composition et de construction, de rechercher des manières d'exprimer la forme architecturale. Des programmes d'habitation collective abordent certes les mêmes problèmes mais ils explorent des domaines d'investigation plus larges : le rapport au lieu et particulièrement à la ville, les conditions économiques, sociales et culturelles, les caractères distributifs, dimensionnels et constructifs des logements et de leurs systèmes de groupement, leurs éventuelles manières de faire participer l'usager, etc.
Ces travaux ne prétendent pas approfondir de façon rigoureuse la question du logement telle qu’elle peut se poser dans la pratique professionnelle, mais ils permettent de se familiariser avec les problèmes auxquels il sera confronté et de le rendre davantage conscient de la possibilité d'y apporter des réponses claires. La dimension très étendue d'une réflexion sérieuse sur le logement collectif doit disposer des apports nécessaires sur le plan historique et théorique qui ne peuvent être fourni que par un éventuel troisième cycle dont la matière des cours serait alimentée par des recherches. (J.-L)
11 juin 1986; Mario BEVILACQUA et Alain TSCHUMI, professeurs au DA de l'EPFL : Projet et/ou imaginaire : la construction considérée comme un des fondements du projet d'architecture et de son enseignement.
Le projet d'architecture peut être défini comme l'interprétation d'une réalité supposée ou encore comme l'expression d'un désir de matérialité. Il est représentation et communication : il est image, c’est-à-dire figure, de figura = forme (Robert). Image induit imagination et imaginaire connotant fantaisie, fantastique, fiction, fantasme : la négation de la réalité.
Mais, dans une réconciliation de ces extrêmes, ne pourrait-on pas, des abysses oniriques et des fantasmagories de la mémoire, faire émerger l'image et par le dessin, merveilleux forceps, la tirer à la lumière, la muter en métaphore et de là en figure; c’est-à-dire en forme ? l'enseignement doit-il ignorer cette voie royale conduisant au projet ? (M. B.)
La construction est parfois considérée comme un mal nécessaire par l'architecte, l'enseignant, l'étudiant. Vue comme l'intendance d'une politique dont de Gaulle disait qu’elle avait à la suivre, elle est au mieux, selon Viollet-le-Duc, le moyen dont l'architecture serait le but. La construction peut toutefois prendre une valeur accrue, devenir un des fondements sur lesquels se bâtit le projet d'architecture. En effet, la décomposition possible du bâti : vu comme une structure dans le sens structuraliste du terme : en différents systèmes (système porteur d'enveloppe, d'ouverture, de circulation, non porteur, etc.) implique autant la phase encore immatérielle du projet (1:500 : 1:100) que la phase dite de matérialisation (1:50 - 1:1). La nécessaire cohérence des deux phases exige une influence réciproque des idées dites de « projet » et de « construction ». d'autre part, les problèmes d'identification au lieu donnent au matériau, à son choix et à sa mise en oeuvre une valeur de premier plan dont l'influence sur le projet d'architecture s’exerce dès les premières réflexions de l'architecte. Si ce que faisait dire Paul Valery à Eupalinos est vrai : « Il n’y a pas de détails », alors la construction, le choix des matériaux, leur mise en oeuvre, les dessins des détails sont partie intégrante et fructifiante du projet d'architecture (A. T.).
18 juin 1986 : Luigi SNOZZI et Léopold VEUVE, professeurs au DA de l'EPFL : Architecture et territoire : organiser l'environnement urbain.
« Je crains que, sans une ouverture à la raison morale, il n’y ait pas de prochain siècle. Un appel à l'espoir est aujourd'hui un appel à la résistance » (Max Frisch, 1986).
Architecture et territoire, deux termes inséparables, l'un agissant nécessairement sur l'autre. Fondamentalement, le territoire que transforme l'architecture est limité. Il s’agit de la biosphère dans laquelle toute intervention touche à notre principe vital même. C’est dire la mesure de notre responsabilité d'architecte. Une école d'architecture ne peut se satisfaire d'être le lieu de transmission des spécificités disciplinaires scientifiques et théoriques au moment où les théories et les sciences échappent de plus en plus au contrôle moral des intellectuels. Sa tâche principale est de préparer l'étudiant à l'activité critique qui lui permettra d'exercer ce que Kenneth Frampton ou Max Frisch ont appelé l'activité de résistance (L. S.).
Quel sens accorder à la notion d'environnement urbain ? Ne serait-il pas préférable de parler d'environnement construit, la notion d'urbain se diluant rapidement en direction de la périphérie ? Et pourquoi parler « d'organiser » et non pas de projet ou de dessin ? Ces questions conduisent à examiner comment le Département d'Architecture évolue dans son enseignement à travers les thèmes abordés ces dix dernières années, quelles sont les problématiques développées et celles qui sont négligées. En regard des problèmes actuels, quelles sont les références pertinentes ? (L. V.)
Conférence inaugurale de l'exposition P. Z. par
Pierre ZOELLY, architecte et explorateur, professeur invité à l'EPFL.
« Pour mieux comprendre les dangers vers lesquels se dirige l'architecture d'aujourd'hui, mais aussi les chances qu’elle a de sortir des contraintes qui l'étouffent, il faut se pencher vers un nouveau genre générique de cet art : la terratecture. Est-ce la mère ou la fille de l'architecture ? Basé sur des expériences d'une vingtaine d'années et de chaotiques recherches historiques et contemporaines que je trimbale dans mon rucksack d'idées, j’essaie de faire le point sur ce sujet qui m’intrigue et me passionne et qui : quand je traverse notre petit pays que Guillaume Fatio, en 1904, décrivit avec amour dans son petit livre Ouvrons les yeux, annonciateur du mouvement Heimatschutz : et qu’on devrait aujourd'hui réintituler Fermons les yeux : me semble être un remède particulièrement bien adapté à notre mal suisse. »
Conférence de Kenneth FRAMPTON, historien de l'art, professeur invité au Collège scientifique de Berlin.
« Le phénomène d'universalisation, tout en étant un progrès de l'humanité, constitue une sorte de destruction subtile des cultures traditionnelles, ce qui n’est peut-être pas un mal irréparable. Mais aussi ce que j’appellerais le noyau créatif des grandes civilisations et des grandes cultures. Là se trouve le paradoxe : comment devenir moderne et retourner à ses sources : comment raviver une vieille civilisation latente et faire partie d'une civilisation universelle » (Paul Ricoeur, La civilisation universelle et les cultures nationales).
Conférence d'Aurelio GALFETTI, architecte, Bellinzona.
« Je n’ai pas l'intention de parler de la restauration en général mais plutôt du travail que j’ai fait et suis en train de faire à Castelgrande. J’aimerais parler de cette expérience particulière mais surtout décrire la condition commune à beaucoup d'architectes qui participent à la tâche de la restauration : la contribution de l'architecte est étouffée par trop de commissions qui lui attribuent le seul rôle de conseiller technique et contestent sa fonction créatrice.
J’aimerais aussi contester ces mythes usés jusqu’à la corde :
- Tout ce qui est ancien doit être conservé
- Le rapport dialectique entre l'ancien et le nouveau : tout se résout par l'opposition.
- La solution naît du monument : le monument ignore le contenu. »
Conférence inaugurale de l'exposition Les premiers élèves de Perret 1923-1930 : la génération de l'atelier du Palais de Bois : Goldfinger,Luyckx. Forestier, Nitzchke, Nelson, Ledonne, Brelet, Guilbet, Honneger, Sardnal, Lambert, Vetter par Joseph ABRAM, architecte, assistant à l'Ecole d'architecture de Nancy.
Dans les années 1910 apparaît en France une ligne architecturale nouvelle : le classicisme structurel. Cette ligne puise ses principes dans la théorie rationaliste du « Monument Parfait » (Viollet-le-Duc, 1863) et trouve, après une série d'expérimentations stylistiques avec le béton armé, sa première traduction accomplie dans la construction du Théâtre des Champs-Elysées. Elle atteint en 1923, avec l'église du Raincy, son manifeste radical. A partir de cette date se développe, en grande partie grâce à l'enseignement d'Auguste Perret, une école architecturale cohérente et stable qui étendra son cycle sur plus de cinq décennies.
Conférence inaugurale de l'exposition Serres et jardins d'hiver au XIXe siècle ; Jean-Marc Lamunière : Dessins pour la serre du Jardin botanique de la ville de Genève.
De 1780 à 1900, l'attrait pour les fleurs exotiques, les plantes rares rapportées si précieusement dans les conditions de la navigation d'alors, le goût du dépaysement aux effluves coloniales et d'une nature renouvelée vont se confondre en une passion pour l'horticulture et en une forme architecturale : les serres et les jardins d'hiver. Leur extraordinaire expansion en fit un véritable mouvement de mode soutenu par la bourgeoisie fortunée qui gagna progressivement l'ensemble de la société européenne.
Conférence de Heinz ISLER, ingénieur, Burgdorf.
Heinz Isler est un spécialiste au niveau suisse et international des voiles minces en béton et est l'auteur de plusieurs dizaines de constructions. Il a su innover dans les formes de ce type de structures et mène actuellement de nombreuses recherches sur leur comportement dans le temps.
Conférence de Bryan TAYLOR, historien de l'architecture.
Avec la maison de verre, dissimulée 31 rue St Guillaume à Paris, nous sommes confrontés à une oeuvre qui défie les formes reconnues de classification. Constater que cette réalisation était en avance sur son temps serait insuffisant. De nos jours, le message révolutionnaire qu’elle contient est loin d'être accepté et elle continue à offrir par la fluidité de son plan, la standardisation de ses composants, l'assemblage précis des espaces privés et publics, la série d'innovations techniques surprenantes qui la caractérisent (ossature métallique visible, façade de briques de verre, câbles techniques apparents) un modèle général à partir duquel peuvent être développées des réponses à certains problèmes de notre époque.
Conférence de Roger-Henri GUERRAND, historien et professeur à Paris VIII
R.-H. Guerrand, avec un ton mélangé de sérieux et d'humour sarcastique, retrace un pan de cette histoire sociale toujours laissé dans l'ombre : une histoire des commodités ou, pour parler plus directement, des lieux d'aisance.
Chronique qui fut souvent incroyable : celle du temps nécessaire pour que de simples conditions d'hygiène et de salubrité soient assez considérées pour qu’elles s’inscrivent dans les faits et que les lois soient appliquées et respectées. Il explique la façon dont notre société a considéré le corps, l'a regardé et l'a entretenu et rappelle que le discours sur les conditions sociales et politiques de l'hygiène publique et privé ont supposé deux conditions d'aménagement foncier : d'une part que l'on puisse disposer de suffisamment d'eau et d'autre part que l'on puisse évacuer les eaux usées. d'où la nécessité du tout-à-l'égout, conquête, somme toute, récente. Question d'histoire sociale qui nous dévoile les enjeux sous-jacents d'une politique sanitaire.
Conférence de Jacques BOUVERESSE, philosophe, professeur à l'Université de Paris I et de Genève.
Après avoir été pendant six ans instituteur dans différents villages de Basse-Autriche de 1920 à 1926, le philosophe Ludwig Witttgenstein s’est consacré pendant deux ans, en collaboration avec l'architecte Paul Engelmann qui avait été élève de Loos, à la construction d'une maison pour sa sœur, Margaret Stonborough, dans la Kundmanngasse à Vienne.
On ne possède pas d'indications sur les intentions exactes que Wittgenstein a essayé de réaliser dans cette œuvre en un certain sens typiquement « moderne » et, en un autre, tout à fait classique. Les idées architecturales de Wittgenstein sont certainement en rapport avec les conceptions qu’il avait développées dans son premier ouvrage philosophique, le Tractatus logico-philosophicus (1921). Mais il est difficile de déterminer en quoi consiste la position de Wittgenstein par rapport aux mouvements artistiques, en particulier architecturaux contemporains. On se demandera dans quelle mesure il existe une « architecture de Wittgenstein » et si elle entretient ou non des relations significatives avec sa philosophie (J. B.).
Conférence inaugurale de l'exposition Herman Hertzberger : six architectures photographiées par Johan van der Keuken par Herman HERTZBERGER, architecte, Amsterdam.
Conférence d'Alberto SARTORIS, docteur honoris causa EPFL.
Conférence de Francesco DAL CO, professeur au Département d'histoire de l'architecture à l'IAUV.
Conférence de Richard Allen BROOKS, professeur à l'Université de Toronto.
Conférence inaugurale de l'exposition Gresleri & Varnier par G. GRESLERI & S. VARNIER, architectes, Rovereto, IT.
l'Italie est-elle encore en mesure de « s’exporter culturellement » ? La période actuelle connaît une remise en cause des grands idéaux avancés par le Mouvement Moderne, remise en cause issue principalement de l'intelligentsia architecturale Made in Italy.
Il est symptomatique de noter que l'Italie semble marquer un temps mort sur le plan des réalisations quand elle se met en évidence par une ample production culturelle architecturale exprimée surtout par le dessin d'architecture et le débat historique. Des expositions de critique architecturale, d'enquêtes historiques, de divulgation et de soutien aux thèses stylistiques de théorie d'architecture sont produites à un rythme remarquable et exportées en Europe et aux USA. Elles constituent un véhicule de grand intérêt mais les constructions sont le fait d'autres nations.
A pareil état de la situation italienne fait exception cette exposition complètement consacrée à des œuvres italiennes construites par Glauco Gresleri et Silvano Varnier dans les quinze dernières années dans le Frioul méridional. Leurs caractéristiques peuvent être résumées en quelques points : une grande sensibilité au génie du lieu et à la végétation, l'attention portée à la lumière, au contrôle technique de la construction, la poésie et la modestie des détails ainsi qu’une grande résistance au temps.
Conférence de Jacques GUBLER, professeur au Département d'architecture de l'EPFL.
La revue ABC, lancée à Zurich en 1924 par l'architecte hollandais Mart Stam, alimentée par le peintre russe El Lissitzky, soutenue passionnément par un petit groupe d'architectes suisses parmi lesquels « l'ingénieur » Emil Roth et le « théoricien » Hans Schmidt, énonce ainsi son programme : « Cette revue publiera des articles qui entendent clarifier les tâches et le processus de la ‘configuration’ (Gestaltung) :
- configuration de la ville sous le rapport de la technique, de l'économie et du cadre social
- configuration du logement, du lieu de travail, du trafic
- configuration en matière de peinture et de théâtre
- configuration en matière de technique et d'invention. »
Ce programme sera suivi pendant quatre ans. Il culminera dans le fameux manifeste ABC proclamant la dictature de la machine de l'été 1928.
Conférence de Bruno REICHLIN, professeur à l'EAUG.
- La Villa La Roche à Auteuil 1923-25 : vers la décomposition en plan du complexe pariétal
- De Stijl et Le Corbusier :
- Affinités entre les projets De Stijl et la Villa La Roche : affinités formelles et coïncidences chronologiques ; l'exposition De Stijl à la Galerie de l'Effort moderne de 1923 : vers une architecture « dénaturalisée »
- Diversité entre De Stijl, la Villa La Roche et l'œuvre successive de Le Corbusier : totalité informe versus totalité finie - deux conceptions opposées : une règle « universelle » pour former l'objet versus une pluralité de règles pour composer les contradictions de l'objet.
Conférence inaugurale de l'exposition Mimar Sinan 1492 ? 1588 par Bülent ÖZER, professeur à l'Université Sinan d'Istanbul.
Sinan, chrétien, renégat, soldat d'élite du Sultan est la figure centrale de l'architecture islamique. Sinan a eu une vie très longue dont il consacre les 40 premières années à guerroyer pour le Sultan et les 50 autres à construire près de 500 oeuvres disséminées dans le vaste empire ottoman. Sinan élabore un système de projétation régulateur avec lequel il fixe par convention les procédés de composition et de construction qui lui permettent de guider la réalisation d'une œuvre à distance. La composition, les solutions constructives d'une technologie dont il est expert, les types architecturaux sont les fondements d'une école d'architecture destinée à produire une grande floraison d'œuvres même après sa mort. l'intérêt de toute sa vie fut la structure à coupole centrale et la recherche de grandeur et d'unité que l'on peut obtenir avec un dispositif semblable sans encombrement de piliers. Sa construction rationnelle est soutenue par un art de la composition d'une grande rigueur euclidienne qui lui permet de renouveler continuellement les types sans jamais les répéter ou se répéter.
Conférence inaugurale de l'exposition Renzo Piano par Renzo PIANO, architecte, Gênes et Paris.
l'architecture peut être analysée comme un objet, comme une construction ou comme un container selon le mode d'expression de son réalisateur. Par objet, on entend principalement un artefact destiné à être apprécié en tant que tel ; une « construction » se réfère plutôt aux méthodes et aux moyens constructifs actuels ; un « container » quand le bâtiment répond aux fonctions projetées. Naturellement, toute bonne architecture tient compte de ces trois éléments mais un architecte polémiste doit se préoccuper de l'un d'entre eux, voire deux. Renzo Piano a été un constructeur. Bien que ses bâtiments répondent certainement aux trois objectifs, les développements structurels sont vraiment son point de départ conceptuel.
Bien que se référer aujourd'hui à une architecture nationale ne signifie plus grand chose, il y avait quelque chose d'essentiellement italien dans ses premières recherches et son souci de perfection. Comme Nervi et d'autres maîtres italiens, les succès de Piano viennent de la souplesse du rôle des designers professionnels en Italie (architectes et ingénieurs peuvent être indifféremment constructeurs ou projeteurs) en même temps que de la chance d'avoir des industriels dans sa propre famille qui purent lui commander quelques-uns de ses premiers travaux.
Mais aucun d'entre eux n’aurait attiré l'attention internationale si Piano n’avait rencontré Richard Rogers à Londres et gagné avec lui et Ove Arup Partners le concours du Centre Pompidou. Sa contribution fut égale à celle de Rogers mais Piano fut plus spécialement chargé de la structure et de la conception globale du design exprimé dans le système de construction. Il fut un leader efficace mais encore plus un coordinateur de la conciliation.
Depuis 1977, Piano collabore avec Peter Rice, l'ingénieur en chef de la superstructure de Beaubourg (N. Silver, Architectes contemporains, 1980).
Conférence de Rafael MONEO, architecte, Madrid.
Les différents types de musée qui se sont succédés en architecture ont été le résultat de quelque idée dominante : palais des souvenirs, la lumière comme condition naturelle du spectacle, la mobilité spatiale comme adaptation permanente aux objets exposés. Il semblerait que l'architecture du musée ait quand même toujours été considérée comme la création d'un lieu vide pour lequel le projet doit opter pour le chemin de la neutralité et du fonctionnalisme. Le projet de Rafael Moneo pour le Musée archéologique de Merida en Espagne propose un concept de départ différent : le problème du support n’est pas interprété de façon neutre ni comme le résultat immatériel de quelques conditions dans lesquelles les objets viennent à être exposés mais, au contraire, il est défini au même niveau que les oeuvres elles-mêmes. Partir de la matérialité concrète d'un mur romain en briques signifie que les oeuvres du musée y sont installées d‘une manière précise confrontant le blanc du marbre au rose de l'appareil de briques et la délicatesse de sa ciselure à la rugosité de la terre cuite.
Trois images semblent souligner ce concept qui donne forme au plan de Mérida. d'un côté la forme romantique pour percevoir, en référence à Piranèse, comment ce fragment a pu parvenir jusqu’à nous. De l'autre côté, il y a la tradition moderne de la restauration et finalement, la troisième image, en même temps la plus littéraire, est celle qui naît de la redondance : l'image du mur romain reste comme la juste connotation pour une exposition d'architecture romaine (d'après I. D. S. Morales, Lotus 35).
Conférence de Jean-Paul RAYON, chargé de cours au DA.
Derrière la personnalité délibérément représentative d'Auguste Perret se cache une « entreprise familiale » rigoureusement organisée qui conduit souvent le projet depuis sa conception architecturale jusqu’à l'exécution matérielle des travaux. l'expression architectonique, les références stylistiques, la forme de l'enseignement d'Auguste Perret qui prétendent à une certaine universalité sont à réévaluer au profit d'une pensée constructive qui a marqué les meilleurs et les plus différents architectes.
Exposition réalisée par le Laboratoire d'Architecture Contemporaine de Rome.
Conférence de Pier-Giorgio GEROSA, architecte-urbaniste, Viganello, enseignant à l'Ecole d'architecture de Strasbourg.
La Charte d'Athènes est le premier texte collectif qui essaie de formuler une théorie de l'urbanisme fondée sur les expériences de l'architecture rationaliste. Issue de ces travaux du 4e congrès international d'Architecture Moderne, qui s’était tenu entre Marseille et Athènes en 1933, elle a connu une rédaction laborieuse et conflictuelle et a été publiée sous des formes diverses, dont celle que Le Corbusier lui a donnée en 1943 reste la plus connue.
Au cours de ses 50 ans d'existence, la Charte d'Athènes a été un point de repère de la pensée architecturale sur la ville : après avoir, dans ses premières années, représenté le manifeste de l'urbanisme progressiste, elle se trouve maintenant concernée en première ligne par le mouvement de recentrage critique de la modernité. La conférence propose un essai d'opération historique qui vise à reconstituer, par une recherche historiographique, le processus de rédaction de la Charte ; à déconstruire les courants de pensée qui y confluaient et qui s’y opposaient ; à délimiter, par une analyse épistémologique, les domaines empiriques sous-tendus par les théories énoncées ; à trouver, par l'analyse du discours lui-même, les interdits et les pluralités qui le frappent.
Conférence d'Urs BUETTIKER, architecte EPFZ.
Conférence de Nadir MAROUF, sociologue, professeur à l'Université d'Oran.
Le plaidoyer pour la médina ne procède pas d'une attitude sentimentale ou ethnographique à l'endroit de l'espace social traditionnel. Les cités occidentales les plus prestigieuses et en même temps les plus significatives des temps modernes s’ordonnent autour d'une sémiologie spatiale léguée par le passé. De là le présupposé que les exigences de notre temps n’interdisent pas le maintien, certes sous des modalités sans cesse renouvelées, d'un cadre archétypal qui fonde une civilisation et une culture (exemple du maintien de la centralité comme fondement du sens urbain).
Il y a tout d'abord lieu de dresser un panorama des configurations urbaines, de leur implantation au cours de l'histoire maghrébine et donc d'en comprendre les légitimations.
Si la ville pré-coloniale, voire même coloniale en Algérie, répondait à une rationalité saisissable (sur laquelle on peut toujours porter un jugement mais qui reste productrice d'un sens), la ville actuelle semble s’acheminer vers un décalage de plus en plus grand entre valeurs, aspirations nouvelles, principes ethnico-normatifs édictés par le Pouvoir et inscription dans l'espace de cet ensemble hétéroclite. Il semble en effet que la ville algérienne se laisse placer sous le signe de l'empirie. Mais est-ce que l'empirie relève elle-même d'une rationalité ? En d'autres termes, si la rationalité est une catégorie irréductible et donc immanente à ce qui, pour l'heure, peut paraître opaque et indéchiffrable, faut-il attendre qu’elle transparaisse à l'issu de l'oeuvre urbain en train de se faire, post-festum pourrait-on dire, ou faut-il proposer d'autres alternatives, fussent-elles un peu trop « rétro » ?
En conclusion, le rapport entre structure urbaine, société et politique dicte quelques uns de nos propos et surtout de nos orientations de recherche en matière de restructuration-réhabilitation de la medina. On en verra aussi la complexité pratique et donc les limites.
Séminaire inaugural de l'exposition Les concours d'architecture en Suisse romande avec la collaboration de :
- Mario BEVILACQUA, Vincent MANGEAT, Alain G.TSCHUMI : Le rôle des enseignants dans les jurys et dans la pratique des concours :
- Luigi SNOZZI : Les concours dans l'architecture tessinoise : mes expériences
- Bernard ATTINGER : Le maître de l'ouvrage et les concours : expérience valaisanne
- Richard QUINCEROT : Le rôle des concours dans la pratique sociale de l'architecte
- Bernard HUET : Le concours de l'Opéra de Paris.
Conférence de Bernardo SECCHI, professeur au Politecnico de Milan et co-rédacteur de la revue Casabella.
Possible et probable sont deux mots qui délimitent un territoire. A l'intérieur de celui-ci, il peut y avoir différents itinéraires de recherche : les uns visant à définir les conditions de ce qui se produit : qui, pour être contradictoire, n’en est pas moins possible : les autres cherchant à analyser ce qui a une chance de se produire. l'architecte et l'urbaniste ne sont pas deux personnes professionnelles distinctes mais des termes à travers lesquels deux itinéraires peuvent s’exprimer. Leur chemin dans l'histoire récente a été de plus en plus solitaire. La conséquence est que l'on a souvent affaire aujourd'hui à des projets impossibles et à des plans improbables.
Conférence de Dietrich WORBS, architecte et urbaniste à Berlin.
Les projets de logements sociaux d'Adolf Loos sont moins connus que ses projets pour des villas, des hôtels ou bâtiments administratifs. Le but de mon analyse est de savoir si l'organisation spatiale de Loos se trouve également dans les projets de logement social, exprimée naturellement de manière spécifique, en prenant pour base les projets de logements de masse et en respectant une classification entre logements par étage, en duplex ou en blocs de villas. Nous analyserons les projets de logement bourgeois et de logements ouvriers et, par comparaison, nous essaierons de déterminer l'organisation spatiale dans les différents types de logements de masse de Loos.
Conférence inaugurale de l'exposition M. Fuksas et A.-M. Sacconi par Massimiliano FUKSAS, architecte, Rome.
M. Fuksas et A.-M. Sacconi travaillent ensemble depuis 1967 et leurs premières réalisations, un palais des sports et un immeuble d'habitations à Rome datent de 1973. Entre-temps, les luttes politiques les ont beaucoup accaparés mais ils ont, depuis 1973, produits des dizaines de projets. Quatorze de ceux-ci sont en cours de réalisation : tous mêlent intimement espace réel et espace illusoire. Tous résultent de manipulations subtiles, tous brouillent les cartes du jeu de l'architecture : le nouveau cimetière est l'ombre de l'ancien, les fenêtres de l'école maternelle ont l'air de se projeter vers l'extérieur, l'intérieur de la cathédrale est un extérieur, le palais des sports est aussi une ville aperçue à travers les arches d'un pont, la façade du gymnase est en train de disparaître pour laisser plus de place à une nouvelles structure, etc. (AA, 09.62).
Conférence de Ghairo DAGHINI, professeur l'EAUG.
Le mot « ville « a ceci de paradoxal : il nous renvoie à quelque chose pourvu de sens pour tout le monde, à une forme générale inscrite dans notre imaginaire : et, en même temps, le mot désigne des villes singulières, irréductible les unes aux les autres, qui différent d'une façon radicale même quant à leur image urbaine. Bref, il nous renvoie à des objets insaisissables avec des concepts axés sur des constellations d'essences établies une fois pour toutes.
La notion de la ville se laisse plutôt saisir par les évènements et par les formes qui la produisent au fil de son histoire, par ses avatars complexes dont les architectures sont sans doute les éléments majeurs. Ce qui permet de parler des architectures de la ville et de proposer des classifications de formes qui caractérisent l'espace dit urbain.
Or, que désigne le passage de la ville à la métropole ? Dans la prolifération actuelle de l'urbain, ce n’est plus immédiatement évident que la ville soit l'objet qu’on pensait connaître. La notion de métropole en effet n’est pas uniquement caractérisée par un gigantisme urbain mais aussi par une réalité qui est en train de passer d'une modernité centrée sur le maintien d'une maîtrise de l'espace à une réalité obsédée par le temps. Il s’agit d'une tendance mais déjà c’est un problème crucial.
Conférence de Claude JAQUILLARD, philosophe, Paris.
Essai pour une rapide et légère métaphysique de la création.
Conférence d'Inès LAMUNIERE et Patrick DEVANTHERY, architectes EPFL.
La recherche d'une règle de la géométrie dans le processus d'élaboration du projet architectural nous interroge sur les phénomènes liés à l'histoire de l'architecture et à sa théorie. La question d'une spécificité de la discipline architecturale s’exprime aujourd'hui par un retour sur son histoire, non seulement comme un répertoire de formes architecturales aptes à la citation mais aussi comme un ensemble de formes qu’il s’agit de repérer dans les dessins du projet.
Dans la courte période de cette révolution sur l'espace qu’est le baroque romain, la géométrie a-t-elle des significations intrinsèques, que substitue-t-elle, qu’abstrait-t-elle dans le dessin et lors du passage à la matérialisation spatiale ?
A Santa Maria della Pace, Pietro di Cortona fragmente les figures géométriques, il déconstruit l'unicité de l'espace ; quelles règles met-il en place ? Par des opérations de transformation géométrique, l'usage de référence à des objets archétypiques est transgressé dans le projet en cours d'élaboration ; quel ordre ces transformations appellent-t-elles ? Cortona, avec Borromini et Bernini, assigne, par des règles de perception, un rôle à la géométrie dont les licences nous éclaboussent encore (I. L.+ P. D).
Conférence d'Aurelio GALFETTI, architecte, Bellinzona.
Exposition réalisée par Hans Imesh et Hans-Ulrich Thomann pour le Kunstgewerbemuseum de Zürich.
Conférence inaugurale de l'exposition Jardins de l'Islam par
Jean-Pierre MARTINON, sociologue, Paris.
L'histoire des jardins de l'Islam débute dès la conquête de la Syrie, de l'Iran et de l'Egypte : elle se développe en même temps que les grandes capitales de l'Islam : Damas, Bagdad, Kairouan, puis Cordoue. Autour de ces villes se construisent les jardins les plus importants de la civilisation islamique à partir d'autres jardins millénaires implantés dans les pays que l'Islam vient de conquérir. Les jardins de l'Islam fleurissent à partir des conquêtes précédentes. Les parterres de broderie, les problèmes techniques de l'espace composé, les éléments du décor, le plan et les thèmes offerts au promeneur deviennent des manifestations profanes et somptuaires liées à l'architecture civile puisque « le culte n’appartient qu’à Dieu seul ».
Les jardins sont à la fois pédagogiques, imaginaires, contemplatifs, calligraphiques mais aussi miroitants d'eau et de désir. Des Moghols, de Bagdad à Grenade, les enclos géométriques jouent de la régularité architecturale, de la souplesse canalisée de l'eau et de l'asymétrie de la végétation ; ils forment des espaces spéculaires par lesquels le maître du lieu séduit le corps et le regard du visiteur, élève l'extase ou séduit.(J.-P.M.)
Conférence de Jean-Luc DAVAL, historien de l'art, chargé de cours à l'Université de Genève et doyen de l'Ecole d'Art visuel de Genève.
Toutes les fonctions qui ont été données à la sculpture ont directement influencé ses formes, ses sujets et son matériau : liée au culte des morts, elle dut défier le temps ; intégrée à l'architecture, elle intervint en tant qu’emblème ou dédicace ; devenue indépendante et illusionniste, elle remplit une fonction commémorative qu’elle perdit quand le geste se vit privé de toute interprétation symbolique; mais quand l'urbanité laisse voir qu’elle a perdu son âme et la nature son sens, quand l'homme mesure la manière dont une médiatisation outrancière l'a dévalisé, le producteur d'espace se sent l'obligation de proposer d'autres manières de vivre, des expérimentations différentes du réel.
(Une des rares affiches signées ; en bas à droite).
Séminaire organisé à l'initiative du Professeur René Vittone avec la collaboration de :
- Jean-Claude PIGUET : Projet de recherche interdépartemental à l'EPFL
- François ISELIN : Réalisations en terre en Suisse
- Jean-Marie PLANCHEREL : Murs et voûtes en terre sèche pour l'habitat social
- Jacques VAUTHERIN et Henriette FLOTTES DE POUZOLES : Habitat du grand nombre ; problèmes et réalisations
- Alfred MBASSI : Programme de l'Institut panafricain de développement à Ouagadougou, Haute Volta.
Séminaire avec la collaboration de :
- Werner OESCHLIN, Daidalos, Berlin : Les loisirs des architectes et les fatigues des intellectuels : incohérence et espoir
- Pier-Luigi NICOLIN, directeur de la revue Lotus, Milan : La revue d'architecture en tant qu’instrument de recherche
- Jacques BLUMER, Werk, Zurich : La revue d'architecture et la pratique
- Bernard HUET, professeur invité au DA, ancien rédacteur en chef de l'Architecture d'aujourd'hui : La manipulation des projets pour les rendre consommables
- Frantz FÜEG, professeur au DA : Le rôle de la revue dans l'enseignement
- Jacques GUBLER, historien, professeur au DA : Fenêtre sur les revues suisses
- Kaj NOSCHIS, Architecture et Comportement, assistant au DA : Sciences sociales et architecture
- Pierre-Alain CROSET, Casabella, Milan
- Rodolphe Lüscher, Werk, chargé de cours au DA.
Séminaire organisé par le Professeur Frantz FÜEG avec la collaboration de :
- Christian DUPAVILLON, chargé de mission au Ministère des Affaires culturelles, Paris
- Mona OZOUF, historienne, critique au Nouvel Observateur
- Gilles LAMBERT, scénographe, Théâtre Populaire Romand, La Chaux de Fonds
- Roland DEVILLE, décorateur de théâtre, Genève
- André STEIGER, metteur en scène, Centre Dramatique Romand, Lausanne
- Vincent MANGEAT, chargé de cours à l'EPFL
- Jean-Luc GROBETY, assistant à l'EPFL
- Erwin GALANTAY, professeur à l'EPFL
- la ville comme lieu scénique
- Le théâtre dans la ville.
Exposition réalisée par l'Institut français d'architecture.
Conférence de Jean-Luc DAVAL, historien de l'art, chargé de cours à l'Université de Genève et doyen de l'Ecole d'Art visuel de Genève.
Conférences inaugurales de l'exposition Le Corbusier et Pierre Jeanneret 1919-1929 par Max RISSELADA, architecte, professeur à l'Université de Delft, et Stanislaus VON MOOS, Professeur à l'Université de Zürich.
Conférence de Fritz HALLER, architecte, Soleure.
Il y a plus de dix ans, à l'Université de Princeton, le professeur Gérard K. O'Neill posait avec ses étudiants une très surprenante question : la surface des planètes est-elle l'endroit adéquat pour une civilisation d'expansion technologique? Après réflexion, il s’est avéré qu’à l'aube d'un ère de voyages interplanétaires, l'homme trouverait pour vivre de meilleures conditions d'existence dans une base artificielle loin des grands centres de gravitation.
Fritz Haller parlera de son travail de recherche d'un habitat spatial pour la NASA.
Conférence de Jean-Luc DAVAL, doyen de l'Ecole d'Arts visuels de Genève, chargé de cours au Département d'histoire de l'art de l'Université de Genève.
Conférence de Livio VACCHINI, architecte, Locarno.
« Je parle du processus de mon travail : à quoi est-ce que je pense lorsque je commence un travail ? d'où vient le plaisir que j’en retire ? J’ai choisi le plus petit projet pour commencer à en parler. Un client m’avait demandé de dessiner un socle pour une sculpture de Giacometti qu’il avait achetée, mais ce projet n’est qu’une excuse pour parler d'architecture et de mon travail d'architecte ».
7 juin 1982 :
Conférence inaugurale de l'exposition l'EPFL et le logement à Ecublens par le professeur Bernard VITTOZ, président de l'EPFL.
8-9 juin 1982 :
Présentation et commentaires de l'exposition par les architectes et les sociologues du DA.
10, 14 et 15 juin 1982 :
Débats avec les étudiants de l'EPFL.
16 juin 1982 : Débat avec le personnel de l'EPFL.
Conférence inaugurale de l'exposition Bruno Taut 1880-1938 par Gérard CLADEL, professeur, Paris. Après quelques hésitations, il ne semble pas que l'on peut présenter Bruno Taut sans éviter d'aborder l'apparente contradiction qui sous-tend une partie de son oeuvre avec d'une part les projets utopiques que l'on voit apparaître dès 1910 à Berlin : premier pavillon d'exposition Träger-Verkaufs-Kontors : et qui, gagnant peu à peu en lyrisme et en dimension visionnaire, rejoindront les projets les plus irréels de l'après-guerre, et, d'autre part, des réalisations souvent modestes sur le plan architectural, pragmatiques et singulièrement soucieuses des contraintes économiques et sociales de leur temps. Pour cela, j’envisage d'analyser les projets, essentiellement des lotissement : réalisés entre 1910 et la fin des années 20 : et de montrer comment la pensée utopique vient s’y inscrire et en renouvellera les thématiques, sans pour cela jamais tomber dans les travers de privilégier la doctrine aux dépens de la réalité.
Conférence de Raymonde MOULIN, Professeur à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris, directeur de recherche au CNRS.
Remarques introductives sur le caractère historique du concept d'art. Toutes les sociétés ont un art en soi mais elles n’ont pas toutes un art pour soi. On esquissera l'analyse du procès en diffamation du champ artistique.
- La beauté dans la ville : la ville vernaculaire et la ville monumentale ou comment le site, le tracé, l'architecture et l'art contribuent à la cohérence symbolique.
- l'art dans la ville : la ville de béton et l'académisme fonctionnaliste avec l'art comme « supplément d'âme ».
- Art des artistes (commandes, art mural, participation des artistes à l'urbanisme, animation urbaine).
- Art populaire (des graffitis à la fête)
- « Commercial art » (la publicité) Remarques conclusives sur l'architecture comme art et sur la fin de la parenthèse de « l'art pour l'art » (l'expression est de Roger Caillois).
Conférence inaugurale de l'exposition Tendances nouvelles de l'architecture autrichienne par Adolf KRISCHANITZ, professeur à l'Académie des Beaux-Arts de Vienne et co-fondateur du bureau Missing Link. Krischanitz parlera de la situation générale de l'architecture et des architectes à Vienne où les prises de position actuelles de jeunes architectes tels Appelt, Kneissel, Prochazka, Czech, Tesar, Kapfinger et Krischanitz sont issues d'un dialogue constant avec la réflexion historique. Il montrera comment les approches architecturales spécifiques qui sont présentées dans l'exposition sont en relation avec les différentes interprétations de la tradition viennoise (Kornhäusler, Semper, Wagner, Loos, Frank, etc.) et que les processus artistiques et intellectuels qui suscitent une libération du fonctionnalisme pur et du matérialisme sont une réalité historique particulièrement ressentie à Vienne.
Séminaire organisé par le professeur Léopold VEUVE, introduction par Urs ZUPPINGER
. Description succincte et déroulement des opérations et des rôles des acteurs dans la production courante par Alain DECOPEPT, professeur à l'EPFL.
Aspiration des habitants : Expérience du bureau Metron par Mme MEYRAT
Présentation de 3 expériences de réalisation de logements avec la participation des habitants :
- Siedlung Die Bleiche, Worb par le professeur Franz OSWALD, architecte, Berne
- Ensemble d'habitations Windish III, Metron, Brugg par M. VAUCHER
- Quartier Les Pugessies, Groupe Y, Yverdon par MM. MICHEL, MOREL, DUPASQUIER.
Les expériences relatives à la participation des usagers dans la production du logement se multiplient. Ces expériences constituent-elles une réponse à l'insatisfaction du client vis-à-vis du produit ? De nombreux opérateurs interviennent pour le réaliser et se fondent, pour décider des choix, sur des critères financiers, techniques, juridiques. Le produit est conforme aux normes d'une valeur marchande mais l'usager, comme son nom l'indique, se place dans l'optique d'une valeur d'usage qui ne recouvre pas la précédente.
En Suisse et ailleurs, on a recherché ces dernières années des formes de participation accrue des habitants à l'élaboration de leur logement. l'éventail des expériences est large et pose à l'architecte et aux autres acteurs impliqués dans la production de logements des problèmes nouveaux. En particulier, l'architecte doit redéfinir son rôle et développer une approche nouvelle permettant de prendre en compte la question des besoins des usagers.
Le séminaire veut contribuer au débat lancé à ce sujet dans les milieux intéressés. La question a été volontairement limitée au cas où des habitants participeraient eux-mêmes à l'élaboration de leur habitat. Les trois cas dont la présentation sert d'introduction à une table ronde, se distinguent par des approches très différentes tant en ce qui concerne les méthodes de travail, la structure architecturale choisie, qu’en ce qui concerne les modalités de la participation des habitants. Ils révèlent ainsi d'emblée la diversité des problèmes soulevés par un même thème.
Exposition réalisée par la Harvard University .
Conférence de Philippe DUBOY, architecte, Nantes. Né à Rouen en 1757, mort vert 1825, Jean-Jacques Lequeu peut être classé avec Ledoux et Boullée parmi les architectes visionnaires de la fin du XVIIIe siècle. Toutefois, il ne construisit pratiquement rien et ses projets d'architecture zoomorphe semblent être plus inspirés par les goûts rousseauistes de l'époque que par la prémonition d'un monde futur (Dictionnaire des architectes, Oudin).
Conférence de Jacques GUBLER, chargé de cours à l'EPFL. Lorsque, vers 1900, les architectes ont inscrit au Dictionnaire des idées reçues la condamnation à mort du XIX siècle, il leur a fallu proposer de « nouveaux » modèles, par exemple le monde organique ou l'architecture des ingénieurs. Mais c’est peut-être la machine qui deviendra leur référence essentielle. Provisoirement, nous pourrions admettre que la machine existerait sous deux espèces dans la théorie architecturale du XXe siècle. Il y aurait d'une part une machine lyrique, essentiellement métaphorique et hédoniste. Il y aurait ensuite une machine réaliste, fonctionnant en contiguïté, essentiellement productiviste. A travers le fonctionnalisme, la machine offrirait un acquis important, à la fois réformiste, pédagogique et poétique.
Conférence inaugurale de l'exposition 10 images pour Venise par Bernard HOESLI, professeur à l'EPFZ. « Je vais raconter comment nous avons fait notre travail pour Cannareggio : Je vais parler des recherches et d'un travail d'un étudiant de 4e année 1981 sur le terrain de Cannareggio » (BH).
Conférence de Jacques-Edouard BERGER, historien de l'art, Lausanne.
Conférence inaugurale de l'exposition Architectures pour Rome par Paolo ANGELETTI, architecte, Rome. Réalisée sous le patronat de la Commission culturelle de la ville de Rome, cette exposition organisée par Giuseppe Vallifuoco est une réponse à la question : la Rome contemporaine peut-elle encore, comme elle le pût un certain temps, susciter des projets d'architecture ? Quelques jeunes architectes romains ont été invités à présenter des projets pour Rome ou à propos de Rome. Ces architectures sont nées autant d'un travail de recherche que des occasions offertes par des concours ou commandes publiques. Après une première impression d'hétérogénéité, les projets se rejoignent dans la mesure où, se confrontant avec Rome, ils sont à l'image de la crise et du désarroi de la cité et de l'architecture.
Conférence inaugurale de montage audiovisuel sur Robert Mallet-Stevens par Maurice CULOT, Archives de la Construction Moderne, Bruxelles. Robert Mallet-Stevens (1886-1945) fut l'un des architectes les plus doués de l'entre-deux guerres et l'un des protagonistes du style international en France. Dans la première partie de sa vie d'architecte, il dessine des projets pour la « cité moderne », recueil de dessins publié en 1922, dans lequel apparaît sa conception de la ville et se dessine son style : il conçoit chaque édifice depuis la maison ouvrière jusqu’à la mairie, l'arrêt d'autobus..., il montre la particularité de chaque bâtiment plutôt qu’une vision urbanistique globale. Pour lui, l'image de la ville passe par l'architecture et pourtant tous les édifices ont un trait commun et forment un ensemble : chaque élément est constitué de combinaisons de cubes, cylindres, angles aigus ou arrondis, courbes élégantes s’opposant des formes rectangulaires. Mallet-Stevens traite un bâtiment comme une sculpture. En 1923, il réalise pour Marcel l'Herbier les décors du film l'inhumaine, expérience capitale pour lui. Dès 1924, il construit ses principales réalisations : la villa du comte de Noailles à Hyères, celle de Paul Poiret à Mézy-sur-Oise, le Pavillon du Tourisme et le hall de l'Ambassade française à l'Exposition internationale des Arts décoratifs de 1925 à Paris, en collaboration avec Robert Delaunay et Fernand Léger, plusieurs bâtiments rue Mallet-Stevens dont sa propre maison, le casino de Saint Jean de Luz, etc. Injustement oublié pendant de nombreuses années, il fut pourtant avec Pierre Chareau, Gabriel Guévrékian et André Lurçat, l'un des rares représentants de ces architectes qui luttaient pour l'air, la lumière, le confort, l'universalité d'un style architectural en opposition au régionalisme.
Conférence de Jacques-Edouard BERGER, historien, Lausanne.
Conférence de Brigitte LOYE, chargée de recherches au CORDA, Paris. Une idée chorégraphique; une constante pour Eileen Gray depuis ses premières laques jusqu’à sa production architecturale. En appliquant les cinq points de l'architecture moderne, en particulier pour sa maison de Roquebrune, elle recherche avant tout à faciliter un certain type de geste, afin de permettre à l'homme des années trente de devenir un autre. A tous les stades de sa production, elle hésite devant la théorisation, l'abstraction, cherchant à comprendre comment évolue le geste et à mettre en scène l'homme dans son espace. « Une recherche patiente » en laquelle réside l'originalité d'Eileen Gray et qui la différencie de Le Corbusier et du De Stijl, ses contemporains et amis.
Conférence d'Alvaro SIZA, architecte, Porto, professeur invité au DA.
Conférence d'Oscar TUSQUETS, architecte, Barcelone. Né à Barcelone en 1941, O, Tusquets suit des études d'architecture à l'Ecole technique supérieure de Barcelone de 1958 à 1965. Très vite, il reçoit plusieurs prix pour ses constructions et participe à plusieurs expositions. Dès 1973, certains de ses ouvrages sont publiés dans différentes revues d'architecture, notamment dans Werk-Archithèse et Lotus International.
Conférence de Gérard LE COAT, sociologue de la culture, président de la Société pour l'étude des Arts comparés à l'Université de Montréal. C’est au milieu du XIXe siècle que le qualificatif « architecture parlante » a été utilisé pour la première fois en France pour caractériser l'oeuvre projeté ou réalisé des architectes de la seconde moitié du XVIIIe que nous nommons aujourd'hui « visionnaires » : Boullée, Ledoux, Lequeux.. l'objectif de l'exposé est double : 1.Montrer que Jefferson a lui aussi recours à une architecture que l'on est en droit de qualifier de parlante, et 2. Montrer que les architectes visionnaires français ont influencé dans une certaine mesure les projets et réalisations jeffersoniens, l'influence s’étendant d'ailleurs aux théoriciens français en général des décennies pré-révolutionnaires ou révolutionnaires : sans oublier les idéologues de l'ère impériale. La décision d'entreprendre une nouvelle lecture critique de l'oeuvre architectural de Jefferson se justifie par le fait que les spécialistes américains insistent quasi unanimement et quasi exclusivement sur l'intention fonctionnaliste de celui que l'histoire américaine a baptisé le « père du pragmatisme américain ». Dans cette perspective, seul le lien avec le classicisme romain transmis par Palladio, Desgodets, Fréart de Chambray et alia est souligné. Il est temps de préciser et d'expliquer le rôle de référents idéationnels liés à un programme d'action socio-politique et socio-culturelle en général qui est le coeur de la pensée jeffersonienne bien avant la Déclaration d'indépendance et les années de la présidence.
Conférence d'Herman HERTZBERGER, architecte, Amsterdam. Le Centre de musique d'Utrecht peut être considéré comme une transition entre le centre historique de la ville et le nouveau quartier commercial. Le bâtiment, dans son ensemble, est composé d'un certain nombre de sections séparées les unes des autres, comme si elles étaient des blocs dans la ville, par des arcades commerciales recouvertes de verrières. Celles-ci sont à la même échelle que les rues du centre et reliées à la zone centrale du centre commercial. Ce centre de musique est une tentative de création d'un espace moins solennel et plus accessible, d'un espace formel qui permet aussi des spectacles musicaux de toutes sortes.
Conférence inaugurale de l'exposition Jacques Favre par Pierre FORETAY, professeur au DA. Architecte, diplômé de l'Ecole polytechnique universitaire de Lausanne en 1950, Jacques Favre a laissé une oeuvre certes rare mais dont le langage architectural très personnel constitue une idée de probité intellectuelle et artistique, une passion cachée pour les choses de l'architecture, en même temps qu’une inquiétude à son égard. Professeur au département d'architecture pendant 10 ans, il y a tenu les premiers rôles. La sensibilité de ses analyses et de ses critiques s’exprimait en une sorte de rationalisme poétique. Pour lui, enseigner était une manière indirecte de pratiquer l'architecture. Dès 1956, il ouvre son atelier d'architecture. C’est à cette époque qu’il réalise le Framar, maison de vacances qui révèle la maîtrise de l'architecte par la manière dont les espaces intérieurs se développent, par la magie du détail et le jeu des matériaux naturels, par la rigueur du système structurel et constructif qui sous-tendent l'ouvrage et lui donnent sa force et sa cohésion. Décédé en 1973, Jacques Favre nous a laissé peu de réalisations qui ont suffi néanmoins à mesurer la distance qui le sépare de ses contemporains. Actuellement, avec la démolition sauvage du Framar en 1979, il ne reste presque plus rien de l'oeuvre de Jacques Favre et c’est ce qui a déterminé le département d'architecture de l'EPFL à lui consacrer une exposition et à réaliser un catalogue de son oeuvre.
Leçon terminale du Professeur Conrad-André BEERLI, présidée par le président de l'EPFL, Bernard VITTOZ. « Quand nous construisons, disons-nous que nous construisons à tout jamais ? Que ce ne soit pas pour l'unique joie de l'heure présente, pour la seule utilité de l'heure présente. Que ce soit un travail dont nous remercions nos descendants. » « La plus grande gloire d'un édifice; est dans son âge » John Ruskin, 1848 (Les sept lampes de l'architecture). « l'éphémère, c’est l'impression de « provisoire » dans laquelle baigne notre vie quotidienne. Nous sommes tous, en fait, citoyens de l'Age de l'Ephémère. » Alvin Toffler, 1970 (Le choc du futur). De la juxtaposition de ces deux citations extrêmes, séparées par plus d'un siècle, découle une réflexion sur deux plans : sur l'idée du déroulement du temps dans les concepts des architectes (temps irréversible ? : Viollet-le-Duc le pensait réversible) d'autre part, sur la notion de durée de l'architecture « éternelle » (Giedion) ou au contraire éphémère, adaptée au rythme d'une civilisation mécanisée, habituée à une consommation rapide. Déjà la cadence de la rénovation urbaine est à ce point accélérée qu’un architecte d'aujourd'hui a de fortes chances, s’il jouit d'une bonne santé, de voir démolir son ouvrage de son vivant;
Conférences inaugurales de l'exposition Venturi & Rauch par Stanislaus VON MOOS, professeur à l'Ecole polytechnique de Delft, Jean-Marc LAMUNIERE, professeur au DA, Pierre CAGNA, Norman CUCCIO, Bernard GINDRE, Stéphane DE MONTMOLLIN, étudiants au DA et Patrick MESTELAN, professeur au DA.
Conférence de Werner OESCHLIN, professeur à Bonn et à Berlin. L'histoire est à la mode, depuis que le post-modernisme, soutenu par un marketing expansif, a déclaré le « anything goes ». Mais il y a bien d'autres raisons que celles de la mode pour analyser les rapports de l'architecture avec sa dimension historique. Quant à Palladio, déjà Wotton (1612) a bien su séparer le côté historique (limité à son propre contexte) du côté « logique » et générique. Et nous trouvons chez Palladio lui-même les fondements réels d'une telle définition a-historique : la déclaration de « règles universelles », la postulation d'une science de l'architecture et d'une méthode de créer les projets, la description de typologies architecturales. Si nous parcourons l'histoire de la critique de Palladio de Wotton à Quatremère de Quincy, de Colin Rowe à la Casa Tonini de Reichlin/Reinhart de 1972-74, la question se dirige donc vers une vérification des fondements réels d'une imitation : si elle s’oriente plutôt vers la phénoménologie des formes ou bien si elle est capable de retracer les « règles universelles » qui sont celles de l'architecture d'hier et d'aujourd'hui.
Soutenance publique de la thèse de Pietro FONTANA, assistant au DA. L'histoire de l'architecture italienne des années 1960 se caractérise par la multiplicité des tendances, par l'antagonisme des différentes écoles, par une sorte de rumeur polémique et cacophonique. Mais on pourrait dire que chaque période de l'histoire de l'art présente des mouvements antagonistes, des recherches divergentes, des conflits violents sous la bannière rassurante et unificatrice de certaines étiquettes, notamment stylistiques : le gothique, la renaissance ou le baroque. La prise de conscience de la confusion peut entraîner un effort de clarification et de mise sur table de propositions alternatives. Ce qui vaut pour l'architecture italienne des années 60 vaut aussi pour cette recherche : cette ambiguïté « babélique » peut s’interpréter soit comme une certaine complaisance, soit comme un effort visant à surmonter la crise des langages pour proposer une langue utilitaire. Cette recherche ne s’appuie pas seulement sur le texte écrit mais aussi sur l'image comme moyen de communication personnel.
Conférence de Luigi SNOZZI, architecte FAS, Locarno. En s’appuyant sur la propre expérience projectuelle, à travers la présentation d'une série de projets qui se rapportent à la ville, on cherchera à mettre en évidence quelques motivations fondamentales qui les sous-entendent. Ce type d'approche au projet vise à la recherche d'une continuité historique de l'architecture actuelle par une longue critique de la ville, conçue comme expression formelle de l'histoire, et par la reproposition de certaines valeurs géographiques, typologiques, morphologiques - aujourd'hui aliénées - dans une confrontation dialectique avec l'existant.
Conférence d'Yves BOIRET, architecte en chef des Monuments historiques, Paris, président de la section française de l'ICOMOS, invité à l'initiative du Professeur Pierre Margot. L'abbaye de Saint Sernin de Toulouse a été construite au XIIe siècle. Viollet-le-Duc, au siècle dernier, avait fait subir à St Sernin une restauration que certains qualifient de violente. Cent ans après, l'état de l'édifice exige une reprise générale. Les Monuments historiques adoptent en 1979 le projet d'Yves Boiret qui devrait aboutir à la « dérestauration » des parties « repensées » par Viollet-le-Duc. C’est cette décision qui est en cause et qui cristallise la position de deux écoles : celle des archéologues respectueux de chaque phase historique et celle des architectes soucieux de retrouver le projet initial. Bien que les travaux ne concernent actuellement que les transepts, le parti choisi conditionnera non seulement la suite de la restauration de St-Sernin mais constituera un précédent doctrinal. C’est dire quelle est la gravité de l'enjeu.
Conférence de Pierre SADDY, architecte, enseignant à l'UPA No 8, Paris. Les traités d'architecture, les discours de l'Académie construisent des systèmes qui se veulent « rationnels » : le « beau » est joint au « vrai » et à « l'utile » ; la beauté géométrique, « l'addition des richesses » renvoient aux mathématiques ; l'optique et la physique dictent des règles du goût ; philosophie et psychologie sont présentes avec les conseils de « décence », « convenance », « vraisemblance », « raison », « naturel »; Dans les discours contemporains sur l'architecture, ces termes, aujourd'hui désuets, ont fait place à d'autres mots, plus modernes, mais qui expriment sous des dehors rationalistes, techniques, économiques et sociologiques, le même désir d'une rationalité esthétique, d'un beau absolu.
Conférence de Giorgio CIUCCI, professeur à l'Institut Universitaire d'Architecture de Venise. Le thème de la représentation en architecture de la perspective centrale à l'axonométrie est l'expression d'une recherche sur la transformation qui est arrivée dans la refiguration de l'espace comme conséquence d'une mutation du concept de l'espace entre le 15e et le 17e siècle. Depuis la Renaissance, à partir de Brunelleschi et à travers la représentation en perspective, il est possible d'observer la nature et de comprendre ses lois harmoniques les plus intimes, jusqu’à la création d'une seconde nature qui est l'architecture : la ville idéale est la création d'un espace artificiel qui se confronte avec l'espace naturel. Avec la naissance de la science moderne, l'art et en particulier l'architecture n’expliquent plus les lois de la nature, les proportions ne règlent plus l'harmonie de l'espace, la géométrie n’est plus un absolu : on arrive à la compréhension et à la possession de l'espace à travers l'application d'une méthode rationnelle rigoureuse. La perspective devient un langage pour une communication technique, utile pour la « description » des objets : elle fait partie au 17e siècle de la géométrie prospective. A la fin du 18e, la géométrie descriptive de Gaspard Monge permet de dessiner scientifiquement l'objet dans l'espace : la reproduction technique devient le système de communication entre ceux qui projettent et ceux qui sont chargés de l'exécution. Quelques dizaines d'années plus tard, l'invention de l'axonométrie permet de représenter et de mesurer d'une manière très simple et détachée un objet qui maintenant flotte dans un espace rationnel.
Conférence de Jean-Paul DARBELLAY, architecte, Martigny, professeur invité au DA. Kazuo Shinohara le dit lui-même : ses maisons relèvent de l'art seul : chacune d'entre elles doit être appréciée comme une oeuvre d'art en soi. De ces oeuvres, il en a produit 33 à ce jour, uniquement des maisons individuelles. Kazuo Shinohara est un cas dans l'architecture japonaise. Né en 1925, il s’est d'abord consacré aux mathématiques puis, une certaine fascination pour le patrimoine architectural japonais l'incite à délaisser les mathématiques pour l'architecture. Ses premières maisons montrent de nombreuses références à la vie traditionnelle japonaise. Ensuite, il évolue vers une architecture a-japonaise dont les formes et les structures rudes, voire agressives ont quelque chose de sauvage. Ces volumes intérieurs dépouillés à l'extrême, traités comme des sculptures en creux auxquelles l'homme doit s’adapter, ces portes ou fenêtres qui semblent plus répondre à la nécessité des proportions qu’à celles de la circulation de l'homme ou de la lumière, tout cela transcende le fonctionnel et le rationnel et ne peut être compris que par rapport à un référent unique : Shinohara lui-même, exclusivement préoccupé par la quête d'un purisme architectural lié à son propre monde intérieur.
Conférence d'Angelo ROSSI : la décentralisation urbaine en Suisse.
Conférence d'Antoine HAUMONT : Les déplacements quotidiens des citadins péri-urbains.
Conférence de Philippe AYDALOT : La mobilité des activités économiques. l'entreprise dans l'espace urbain.
Conférence inaugurale de l'exposition Alvaro Siza par Alvaro SIZA, architecte, Porto. Portugais, Alvaro Siza est né en 1933 près de Porto. Après avoir travaillé avec Fernando Tavora, son professeur, il réalise, dès l'âge de 25 ans, une série de petites maisons privées et deux piscines publiques à Matosinhos et à Leça mais il sera toujours écarté des grandes commandes publiques par le régime de Salazar. Après le 25 avril, il s’engage avec son équipe dans les programmes SAAL à Porto. Siza est très peu connu hors du Portugal et des petits cercles d'architectes italiens et espagnols et pourtant cet homme effacé est certainement l'un des plus « grands » architectes de la nouvelle génération européenne. Dans son œuvre confidentielle, de dimension extrêmement modeste, il s’efforce de coller étroitement à la pauvreté des moyens économiques portugais sans jamais abdiquer une culture raffinée et une poétique spatiale dont aucune photographie ne peut rendre compte (B. Huet).
Conférence de Jean-Louis COHEN, architecte, professeur à l'Unité pédagogique no 1 et à l'Ecole nationale des Ponts et Chaussées, Paris. La rencontre du client idéal, de l'industriel moderne à la fois puissant et éclairé, a hanté Le Corbusier dans tout l'entre-deux guerres et au-delà. Bat’a, « le roi de la chaussure » tchécoslovaque, artisan d'une des plus complètes applications du taylorisme en Europe fut l'un de ceux qui entendirent l' « appel aux industriels » lancé par Le Corbusier. Fasciné par la modernité et le paternalisme de Bat’a, ce dernier fit ses projets pour l'aménagement de Zlin en Moravie, et d'Hellocourt - la Bataville française - un hymne à la rationalisation de l'espace du travail : parallèlement, les projets de Le Corbusier pour les boutiques Bat’a et pour le pavillon de l'industriel à l'exposition universelle de Paris en 1937 exaltent d'une part les valeurs du négoce, de la vente et celles de la direction d'entreprise, des chefs. Infructueuse au total, la rencontre entre Le Corbusier et Bat’a permet de mesurer la dimension magique de l'invocation du machinisme à l'oeuvre dans tant de secteurs de ce qu’il est convenu d'appeler le « Mouvement moderne » .
Conférence d'Ulya VOGT-GOEKNIL, docteur en philosophie, Zurich, invitée à l'initiative du Professeur Franz Füeg. Bien qu’architecte de formation, Piranèse ne réalise que peu de constructions et son activité principale a consisté en dessins de bâtiments historiques, principalement des ruines romaines, d'édifices de la Renaissance et du baroque, se limitant ainsi à des « copies » d'originaux existants. Mais Piranèse, qui était tenu par ses contemporains comme un investigateur et un glorificateur de l'architecture romaine, se révèle un visionnaire dans ses propres créations que sont les visions de cachots et, pour cela, il s’éloigne complètement des principes de l'architecture ancienne. Ses dessins fantastiques inventent la forme la plus radicale de la captivité par la répétition d'éléments formels architectoniques, tels l'arc et le pont, coupant ainsi toute possibilité d'espoir.
Exposition du Centre Pompidou, Paris .
Conférence inaugurale de l'exposition Mario Botta, Architecture et projets des années 70 par Mario BOTTA, architecte, Lugano. Tessinois, né en 1943, dessinateur chez Tita Carloni à 17 ans, première œuvre à 18 ans, reprend des études à Milan à 19 ans, élève de Carlo Scarpa à Venise à 21 ans. Travaille 6 mois chez Le Corbusier sur le projet de l'hôpital de Venise et, en 1969, avec Kahn à Paris sur le projet du Palais des Congrès. Puis commence son activité professionnelle à Lugano. Voilà pour la biographie, maintenant quelques thèmes liés à la personnalité de Mario Botta : - Attachement respectueux et actif à l'histoire - Intérêt déterminant pour la problématique urbaine - Référence consciente et désinvolte au vernaculaire alpestre et tessinois - Pertinence du choix des matériaux - Subtile mise en situation des rapports dialectiques entre l'effet architectonique et l'effet pictural (J.P. Rayon).
Conférences de David WRIGHT, architecte, Nevada City : l'état de l'art dans l'architecture bioclimatique (système solaire passif) et Estimation des performance et dimensionnement d'un bâtiment solaire passif.
Exposition réalisée par Walter Herdeg, New York.
Conférence inaugurale de l'exposition Fumihiko Maki par Fumihiko MAKI, doyen de l'Ecole d'Architecture de Tokyo. Considéré comme un des leaders de l'architecture japonaise, Maki, disciple de Tange et de Sert, subira encore l'influence de l'Amérique. Ce rôle d'intermédiaire ne met nullement en cause l'originalité de son œuvre, la culture japonaise n’est-elle pas caractérisée par sa faculté d'absorption ? Maki enseigne pendant dix ans aux Etats-Unis pendant lesquels il se consacra au développement de sa théorie de la conception de la forme collective. A partir de 1972, Maki recherche un langage formel individuel avec le centre sportif d'Osaka dans le domaine des superstructures et en 1974, dans le bâtiment central de l'Université de Tsukuba, avec deux formes caractéristiques : le T inversé et l'idée des interstices spatiaux. l'un des thèmes dominants de l'architecture de Maki est l'oku : espace intérieur ou centre dissimulé. Il ne suit aucune méthodologie dans ses projets et se laisse toujours inspirer par l'environnement. Il commence par une foule d'idées individuelles qui seront intégrées de « haut en bas ».
Conférence du Professeur Bengt LUNDSTEN, Helsinki. Dans tous les pays nordiques, la construction en bois a été l'objet d'une tradition qui s’est poursuivie sans interruption jusqu’à nos jours, Il est manifeste que mains éléments de l'architecture en bois sont inspirés des styles architecturaux méditerranéens de l'Antiquité. l'isolement des pays nordiques et les problèmes que posent un matériau de construction différent ont cependant tellement modifié l'architecture en bois que seul un œil exercé peut déceler l'origine des formes. Par ailleurs, le savoir-faire des artisans et le progrès technique ont développé l'expression architecturale plus que nous ne le croyons en général. l'on essaiera de montrer comment les caractéristiques des formes et l'opposition du matériau ouvrent la voie à la compréhension de l'évolution architecturale.
Conférence inaugurale de l'exposition Vittorio Gregotti par Vittorio GREGOTTI, architecte, Milan. « J’ai toujours cherché à maintenir cohérente la relation entre la théorie et le travail de projétation ». « J’ai cherché, par exemple, à comprendre ce que l'on pouvait tirer d'une réflexion sur l'idée même de paysage et de la nature comme ensemble de toutes choses, comme représentation symbolique, comme souvenir de la configuration antérieure ». « Je me suis spécialement occupé des milieux de la grande industrie de distribution et de l'université, ce qui m’a mis en face de la possibilité de contrôler à quel point les principes et les méthodes résistaient aux confrontations avec la réalité productive ».
Conférence de Paul CHOMBART DE LAUWE, maître de recherches au CNRS, Paris. Sera examinée la notion de quartier dans les diverses perspectives des sciences humaines ainsi que dans les rapports avec les multiples niveaux de la vie sociale.
Conférence de Gae AULENTI, architecte, Milan. Les lois d'apparition de l'architecture sont aujourd'hui mises en question de différentes manières mais pour échapper à des questions dualistiques (continuité ou non du mouvement moderne), il faut travailler à la recherche de matériaux dotés d'articulations très différenciées. Une expérience dans le théâtre peut faire découvrir que les éléments constitutifs de l'architecture sont des figures rhétoriques à refonder : le Lieu et ses modifications, la Construction et sa réalité ou son apparence, les Objets comme générateurs d'actions antérieures à l'évènement architectonique.
Conférence inaugurale de l'exposition Les Châteaux de l'industrie par Jacques GUBLER, chargé de cours à l'EPFL. Cette exposition de photographies illustre l'architecture des années 1830 à 1930 dans le bassin industriel de Lille-Roubaix-Tourcoing. Les matériaux présentés ont été réunis à l'occasion d'un travail d'inventaire confié par la Direction des Archives de l'Architecture moderne de Bruxelles. l'exposition s’articule en deux volets : « le siècle de l'éclectisme » et « les châteaux de l'industrie ». A partir de la spécificité locale et historique de l'échantillon présenté, il devient possible de s’interroger sur le phénomène global de la construction de la ville industrielle. Rejeté en bloc par les avant-gardes des années 1910 et 20, le XIXe siècle nous interpelle aujourd'hui dans la qualité et la quantité de son architecture, dans son aptitude à structurer de nouveaux espaces urbains. Si typologie architecturale et morphologie urbaine ne sont qu’une, l'inventaire de la ville industrielle sera une opération nécessaire non seulement à la sauvegarde de son patrimoine urbain, mais au projet lui-même, compris comme engagement critique sur la ville.
Film de Tim BENTON. Peter Behrens (1888-1940) et Walter Gropius (1883-1969) sont parmi les premiers architectes du XXe siècle à maîtriser une pensée architecturale répondant aux postulats de la civilisation industrielle et à développer un type d'activité répondant aujourd'hui au nom d'esthétique industrielle. En 1907, Muthesius fonda AEG (Allgmeine Elektrizität Gesellschaft) et charge Behrens de la conception globale de l'architecture, de la production et de la publicité. En 1911, Gropius construit en collaboration avec A. Meyer l'usine Fagus qui restera une étape importante de l'utilisation du verre et de l'acier dans l'histoire de l'architecture. Le film fait une comparaison entre les deux oeuvres.
Conférence de Giancarlo DE CARLO, architecte, Milan.
Conférence inaugurale de l'exposition Dessins de Mies van der Rohe par Franz FUEG, professeur au DA de l'EPFL . L'architecture post-moderne nie l'architecture moderne mais se base essentiellement, avant comme après, sur les concepts d'espaces et de formes développés par les architectes « modernes ». Sans une connaissance exacte de l'architecture du passé récent des cent dernières années, une analyse critique de l'architecture moderne ne peut se faire. La conférence faite à l'occasion de l'exposition des dessins réalisés par Ludwig Mies van der Rohe tente de restituer une des évolutions les plus importantes de cette architecture.